Cet article fait suite à l’article sur une des craintes très valides par rapport à l’alimentation intuitive “Et si je ne mangeais que de la “malbouffe”?”.

 

Une autre crainte que j’entends très fréquemment dans ma pratique est : 

 

→“Si je me permets de manger de tout, sans restriction, comme le veut l’alimentation intuitive, je ne serai plus en bonne santé!”

 

ou alors : 

 

→“Si j’adopte les principes de l’alimentation intuitive, j’ai peur de prendre du poids et ça ce ne serait vraiment pas bon pour ma santé!” 

 

ou bien encore :

 

→“Je DOIS perdre du poids pour ma santé. Peux-tu me garantir que l’alimentation intuitive va me permettre d’en perdre?”

 

J’entends tes peurs. 

 

Être en santé?

 

Déjà, ta définition de la santé est sûrement différente de la mienne et de celle du voisin. Qu’est-ce que ça veut dire pour toi être “en santé”? Pourquoi c’est important (ou pas) pour toi?

 

Et si je te disais que la santé ce n’était pas simplement l’absence de maladie? 

 

La santé, c’est une vue d’ensemble d’une personne. C’est, entre-autres : 

  • Sa capacité à faire face aux émotions et expériences de la vie
  • Avoir des relations saines (avec les autres, son corps et l’alimentation)
  • Rechercher l’équilibre dans tous les domaines de la vie (physique, mental, spirituel, émotionnel) et plus encore. (1)

 

On vit avec la croyance populaire que la santé est simple et sous notre contrôle. “Mange bien et bouge”. Rien de plus facile (notez le sarcasme ici…)!! 

 

Oui, la nutrition peut jouer un rôle dans notre bien-être général et dans la gestion de certaines maladies. Mais, la nutrition n’est pas le SEUL facteur. La réalité est beaucoup, mais beaucoup plus complexe. De plus, pousser cette quête de la santé peut au contraire devenir nocif pour notre bien-être global.

 

Il y a une multitude de facteurs qui influencent la santé d’un individu dont 70% sont hors de notre contrôle (2). Le stress causé par la stigmatisation à l’égard du poids ou tout autre type de stigmatisation est un déterminant de la santé très influent qui ne doit pas être minimisé.  

 

Et c’est une obligation d’être en santé?

 

Non. Être en santé n’est pas une obligation. Ton état de santé ne change pas ta valeur en tant qu’être humain. Tu n’as pas besoin de “travailler sur ta santé” pour mériter le respect. 

Il existe un nom pour ce phénomène : le Healthism. C’est la conviction que la santé est une obligation morale et que les personnes “en bonne santé” méritent plus de respect et de ressources que les personnes “en mauvaise santé” (4). 

C’est discriminatoire au même titre que le racisme, le sexisme, le capacitisme, etc. Selon cette idéologie, la santé relèverait exclusivement de la responsabilité individuelle. En gros, si tu n’es pas en bonne santé, c’est de ta faute! 

Juste écrire cette phrase me donne la nausée, car on sait très bien que les déterminants sociaux de la santé comme l’environnement, la stigmatisation et les expériences négatives vécues dans l’enfance (pour ne nommer que ceux-là) affectent grandement la santé et sont hors de notre contrôle.  Sans parler de grossophobie médicale.

 

“Mais quand même… “mal manger” ce n’est pas bon pour la santé…”

 

Et si on regardait l’envers de la médaille? Si on regardait l’impact sur la santé de la restriction alimentaire?  Parce que la vérité est que les régimes déguisés en “habitudes alimentaires saines” ou en “mode de vie” sont plutôt délétères pour la santé.

 

Laisse-moi mettre mon chapeau de nutritionniste-diététiste un petit moment.

 

Trop de personnes le vivent: la restriction alimentaire affecte la santé mentale ET physique. (3)

 

Le simple fait de limiter (et de se sentir limité dans) son alimentation augmente les risques de souffrir d’un trouble alimentaire et/ou de dépression majeure, diminue l’estime de soi, la capacité à se concentrer et la vitesse de réaction (3).

 

Le stress chronique et l’anxiété causés par l’obsession du poids et de la nourriture affectent le fonctionnement de la mémoire de travail au quotidien. Et ça, c’est sans parler de la dangerosité du cortisol, l’hormone du stress, lorsqu’elle est présente en trop grande quantité dans le corps sur une période de temps prolongée (3). 

 

Le cortisol est une molécule très réactive qui vient se coller aux organes (comme le cœur, les intestins et le foie) et altère leur fonctionnement. Par exemple, des niveaux de cortisol élevés durant une longue période augmentent les risques de troubles intestinaux tels que le syndrome du côlon irritable (SCI) (4). 

 

Plus notre corps est stressé par les régimes, plus il produit de cortisol et plus la santé en est affectée.

 

Se mettre au régime est dangereux. Il a été démontré qu’entrer dans un cycle de gain et de perte de poids – appelé également les diètes yo-yo- a des conséquences négatives sur la santé. 

 

Se mettre au régime augmente les risques de souffrir de maladies cardiovasculaires et altère le métabolisme à long-terme (5). 

 

Je t’explique.

 

Les régimes forcent le corps à entrer en mode famine. Le corps ne veut pas se laisser mourir de faim. Pour se défendre, il va diminuer son métabolisme de base pour pouvoir conserver son énergie, affectant ainsi son bon fonctionnement.

 

Fais confiance à ton corps

 

Alors, non, le “mode de vie sain” ou le “je mange de tout, mais seulement entre 14h et 16h” ou, encore, le “Jamais de sucres raffinés!” ne nous rendent pas en meilleure santé. 

 

Laissons de côté les régimes et l’effet yoyo du poids. Apprenons à respecter notre corps avec une alimentation bienveillante. Prenons-en soin. Bougeons pour le plaisir. Entretenons des relations saines.

 

C’est en adoptant de tels comportements orientés vers le bien-être qu’on peut viser une meilleure santé mentale ET physique (6)

 

En te donnant la permission inconditionnelle de manger et en écoutant les sensations dans ton corps, tu bâtiras une relation harmonieuse avec celui-ci.  

 

C’est peut-être difficile à concevoir pour toi pour l’instant, mais le corps est une belle machine. Apprends à lui faire confiance, tranquillement, doucement. Il saura te guider vers les aliments dont il a besoin. (7)

 

Et si tu as besoin d’accompagnement pour y arriver, le Programme HARMONIE est là pour toi ainsi que notre équipe de nutritionnistes-diététistes. Toujours dans l’écoute, la compassion et la bienveillance.

 

Merci à mes stagiaires Harmonie Guérin et Clara Laflamme pour leur précieuse collaboration.

 

Sources :

 

  1. Embody: learning to love your unique body de Connie Sobczak
  2. Déterminants sociaux de la santé : http://extranet.santemonteregie.qc.ca/sante-publique/promotion-prevention/dsdc/determinant-sociaux-sante.fr.html 
  3. https://uhs.berkeley.edu/sites/default/files/bewell_nodieting.pdf
  4. Harrison, C. (2019). Anti-diet: Why obsessing over what you eat is bad for your health (1st ed.). Little, Brown Spark.  
  5. kNOw Dieting: Risks and Reasons to Stop (berkeley.edu)
  6. Adults with Greater Weight Satisfaction Report More Positive Health Behaviors and Have Better Health Status Regardless of BMI (nih.gov)
  7. Intuitive Eating is Associated With Higher Fruit and Vegetable Intake Among Adults – PubMed (nih.gov).

 

Share This