Allô! Moi c’est Marilou, ta nutritionniste bienveillante et fondatrice de Manger en Harmonie.

C’est sans prétention que je te présente ma petite histoire personnelle et professionnelle. C’est toujours le fun de savoir qui est l’être humain qui se cache derrière l’écran 😉

 

Petite Lalou

Crédit photo: archives personnelles

J’ai grandi avec mes deux frères et mes deux soeurs dans le West Island de Montréal. À Kirkland les dix premières années de ma vie pour être plus précise et ensuite à l’Ile-Bizard jusqu’à l’âge de 24 ans où j’ai finalement quitté le nid (merci maman de m’avoir permis de rester aussi longtemps. Je suis choyée!). 

Durant mon enfance, j’ai fait comme bien d’autres enfants de parents séparés/divorcés dans les années 90 (ça te donne une idée de mon âge ça ;)): je me suis promenée entre la maison de ma mère et celle de mon père. J’ai toujours été supportée et aimée malgré les circonstances. Je réalise maintenant l’immense privilège que j’ai eu. Plusieurs enfants ne reçoivent pas cet amour et encore moins ce support inconditionnel.

 

J’étais une enfant assez calme et introvertie. J’avais mes amies proches, mais je ne cherchais pas l’attention et j’étais bien seule. Bonne élève, je me tenais au-dessus la moyenne sans être dans les meilleures. Je me considérais vraiment comme “moyenne”. Pas méchante, pas poche, mais pas exceptionnelle non plus. 

La musique a toujours fait partie de ma vie. J’ai joué piano, violon brièvement, clarinette et flûte traversière. Et oui, j’ai connu les camps musicaux durant mon secondaire! J’y ai trouvé un sentiment d’appartenance et d’accomplissement. Avec l’Harmonie du Collège Beaubois, j’ai participé aux festivals annuels de Sherbrooke et aux concours de solistes de Victoriaville. Que de beaux souvenirs! J’ai d’ailleurs des amitiés précieuses qui remontent à ces années.

Crédit photo: archives personnelles
Crédit photo: Gaëlle Lina, photographe lifestyle

Ma vie adulte

 

Je disais donc que j’ai finalement quitté le nid familial à 24 ans pour Terrasse-Vaudreuil qui était beaucoup plus proche de mon emploi dans les CHSLD de la région de Vaudreuil-Soulanges. J’ai toujours détesté faire de la route…30 minutes pour aller au travail était pénible pour moi… (regarde moi aujourd’hui qui travaille de la maison haha).

 

C’est dans cette belle région que j’ai rencontré mon copain, maintenant mari, natif de Rigaud. Nous avons décidé de nous installer à Saint-Lazare, entourés d’arbres et de calme, pour bâtir notre famille. Nous y vivons encore avec nos deux magnifiques-trognons-adorables garçons (qui ont 3 ¼ ans et 11 mois au moment où j’écris ces lignes).

Jeune travaillante

 

À l’Ile-Bizard, il n’y avait pas mille options pour un travail étudiant. J’ai fait du gardiennage et travaillé au Jean Coutu. Je suis ensuite devenue réceptionniste et préposée aux ventes dans un centre de conditionnement physique. Je prenais vraiment ma job au sérieux et me souviens de ne pas être très bonne vendeuse. 

 

Mon dévouement (faut être dévouée pour ouvrir un gym à 5h le matin quand on a fermé la veille à minuit) et mon sens de l’organisation m’ont amenée à devenir gérante après quelques années. Disons que ça été un milieu fertile pour le développement de croyances grossophobes…je te dis dans pas long comment ça m’a affectée personnellement.

 

Durant mes études universitaires, j’ai travaillé brièvement comme conseillère en perte de poids et vendeuse de suppléments. Aïe…je sais…je suis tellement désolée pour le tort que j’ai pu causer durant cette période. J’étais convaincue d’aider les gens, alors que dans les faits, nous nous servions de leur vulnérabilité pour leur vendre toute sorte de produits aux propriétés douteuses. 

 

Ayant moi-même mes propres démons face à mon corps, la grossophobie faisait partie de ma vie sans que je ne sache que c’était a thing et à quel point c’était nocif.

 

Jeune professionnelle

 

Je n’ai pas toujours rêvé d’être nutritionniste. La psychologie et la relation d’aide m’intéressaient beaucoup, mais les longues études m’ont découragée. L’enseignement me passionnait aussi, mais les études pour s’y rendre m’auraient ennuyée à mourir. 

 

Étant déjà prise dans la culture des régimes par mes emplois en centre de conditionnement physique et de perte de poids et ayant un intérêt pour tout ce qui touchait la nourriture, le curriculum du programme en nutrition m’a attirée. 

 

Je savais déjà que je ne serais pas une nutritionniste-diététiste en milieu hospitalier (j’ai d’ailleurs pleuré TOUS les jours qu’ont duré les mois de mes stages dans ce milieu).

 

Je voulais aider les gens à “mieux manger” pour leur santé. Ma conception de la santé à ce moment incluait aussi la gestion du poids…

 

Ma formation universitaire en diététique et nutrition humaine à l’université McGill (allô HUGE privilège) a consolidé mes croyances grossophobes, m’a donné des outils pour travailler contre “l’épidémie d’obésité” et a fait que j’ai développé une relation trouble avec la nourriture.

 

Dans mes premières années de pratique privée en centre de conditionnement physique, “j’aidais” mes clientᐧeᐧs avec une méthode que je croyais infaillible. Pour perdre du poids: mangez moins et bougez plus. Je fournissais plans alimentaires avec décompte de portions, recettes et diètes (bien que j’appelais ça des “habitudes de vie”). La définition nette de la Wellness Diet décrite par Christy Harrisson dans son livre Anti-Diet.

 

Crois-moi, je croyais bien faire. J’ai toujours eu à cœur le bien être de mes clientᐧeᐧs.

 

J’avais toutefois une impression que quelque chose clochait dans cette approche et j’étais terrifiée (le mot est faible) à l’idée de potentiellement déclencher des troubles alimentaires chez mes clientᐧeᐧs.

 

Petite parenthèse: en plus de ma pratique privée, j’ai aussi travaillé dans les CHSLD, les ressources intermédiaires et la santé publique au CSSS de Vaudreuil-Soulanges avant que ça ne devienne le CISSS de la Montérégie-Ouest. J’y travaille toujours dans l’équipe petite enfance que j’adore.

 

Ma propre relation à la nourriture 

 

Tu connais les langages de l’amour? Et bien dans la famille du côté de ma mère, le langage de la nourriture est très présent. Les réceptions, évènements et même simples soupers de famille se font autour d’une bonne table avec une abondance de nourriture. 

 

Avec mon père aussi, la nourriture était (est) centrale dans nos moments ensemble. 

 

(Je réalise maintenant que l’absence d’insécurité alimentaire et la présence du plaisir relié à la nourriture dans mon enfance ont contribué aux angles morts dans ma pratique dans mes débuts.)

J’ai toujours été une vraie épicurienne.

J’adore manger.

J’adore découvrir de nouvelles saveurs, de nouveaux mets.

Mes voyages et excursions se font autour de la nourriture et des moeurs et coutumes reliées aux repas.

Crédit photo: archives personnelles

Par contre, mon exposition à des environnements très grossophobes mêlé à mes propres insécurités, m’ont fait tomber dans la Wellness Diet

 

Je suivais des règles externes pour améliorer ma santé (je n’étais pas malade) et tenter de contrôler la taille de mon corps (j’ai toujours eu un corps mince et les privilèges qui viennent avec). Je me jugeais et ressentais une grande culpabilité jusqu’à en oublier partiellement le plaisir et la satisfaction de manger.

 

Je te dirais que c’est pire quand tu es étudiante en nutrition et puis nutritionniste-diététiste. Les gens jugent ce que tu manges et analysent ton corps constamment. 

 

“Oh la bonne nutritionniste qui mange des crudités. Moi je ne suis pas comme toi. Je n’ai pas de volonté.” – J’aime ça. Ça n’a rien à voir avec ma volonté.

 

“Tu dois savoir quoi manger pour être mince de même. Dis-moi tes secrets.” – Ma génétique a déterminé que c’est le corps que j’allais avoir. Je n’ai pas de mérite.

 

“Une nutritionniste qui mange de la pizza? De la poutine? Ouain…je me demande comment tu aides tes client.e.s”  – QUOI?! Sérieux?

 

S’il-vous-plaît, de grâce, cessez. 

 

Nous sommes humain.e.s comme vous. 

 

Quand on pense que plusieurs étudiant.e.s en diététique et nutrition souffrent de troubles des conduites alimentaires (plusieurs études le démontrent. Je te les envoie si tu veux), vous n’aidez vraiment pas à la cause avec vos commentaires pourris. 

 

Oh et pendant que vous y êtes, cessez donc de jouer à la police des assiettes et du corps des autres aussi. Merci!

 

La taille (et la couleur de peau, la religion, l’orientation sexuelle et j’en passe) d’un.e nutritionniste n’a RIEN à voir avec ses compétences. RIEN.

 

Bref, j’avais ce qu’on appelle un désordre alimentaire. Une relation trouble à la nourriture et au corps sans avoir de trouble alimentaire. Le pire: je n’en avais aucune idée. Je croyais simplement que j’étais “ben bonne”.

 

Mon rock bottom

 

Je t’ai dit tantôt que j’avais une impression que quelque chose clochait dans mon approche. La satisfaction au travail, je ne connaissais pas vraiment. Dire que j’étais passionnée aurait été un mensonge.

 

J’ai vécu deux arrêts de travail pour symptômes anxio-dépressifs. Ouain… pas chouette comme période.

Crédit photo: archives personnelles

Je rêvais de retourner aux études pour devenir chocolatière, pâtissière, boulangère ou bien propriétaire d’un café. N’importe quoi pour retrouver le plaisir de manger. Arrêter de restreindre les gens en leur disant quoi éviter de manger et leur donner le droit de manger par plaisir.

– Photo prise durant un cours sur la science des aliments durant mon baccalauréat. Mettons que ce n’est pas très sanitaire les cheveux qui sortent du filet…

Durant ma première grossesse, j’ai fait du diabète gestationnel. Pas besoin de te dire comment ça a exacerbé mon trouble d’image corporelle et mon contrôle sur mon alimentation.

 

À travers tout ça, j’étais terrifiée à l’idée de potentiellement déclencher des troubles alimentaires chez mes clientᐧeᐧs.

 

Je DEVAIS faire quelque chose pour vaincre cette peur de nuire. Je ne savais pas que ça me mènerait à des prises de conscience sur ma propre relation à la nourriture, mon image corporelle ainsi qu’à ma véritable passion professionnelle.

 

L’illumination

 

Après des centaines d’heures de formation sur les troubles alimentaires, l’image corporelle et la préoccupation à l’égard du poids, j’ai découvert une façon de travailler qui rejoint mes valeurs, me ressemble et surtout, me permet d’intervenir sans nuire.

 

C’est dans une de ces formations que j’ai entendu parlé pour la première fois de l’alimentation intuitive de Tribole & Resch, du paradigme Health at Every Size ® et du partage des responsabilités d’Ellyn Satter. 

 

Ça a été comme un déclic. Une illumination. Une révélation. Tsé quand tu réalises que le mauvais feeling que tu avais en “traitant l’obésité” est fondé sur des données probantes. Mind blown.

 

Quand tu lis l’abondance de données scientifiques sur le sujet.

 

Quand tu réalises le tort que tu as pu causer.

 

Quand tu prends conscience de l’impact sur la santé du poids qui joue au yo-yo et de la stigmatisation (à l’égard du poids, du genre, de la race, de l’ethnie, de l’orientation sexuelle, de la capacité du corps…).

 

Quand tu vois que les inégalités sociales de santé et les injustices sociales ont un impact majeur sur la santé…bien plus que l’aliment que tu manges ou ne manges pas.

 

Ben, tu n’as pas le choix de changer ta pratique. 

 

Tu ne peux pas faire comme si tu ne savais pas et retourner au confort de ce qui tu connaissais. 

 

Même si ça fait mal à l’égo. 

 

Même si ça confronte tes propres croyances sur l’alimentation et la santé.

 

Même si ça réveille tes propres démons.

 

 

Et maintenant?

Crédit photo: Rose aux Joues photographie

Je lis, j’écoute, j’apprends, j’apprends, j’apprends, je partage, j’enseigne, j’accompagne, je dénonce. 

 

Je fais mon propre cheminement dans l’alimentation intuitive. Pour moi-même. Pour mes garçons. Pour mes clientᐧeᐧs.

 

Je tente de trouver ma place dans la lutte à la grossophobie. D’être une alliée en mettant de l’avant les personnes qui souffrent le plus de marginalisation sans prendre la place qui leur revient.

 

Bref, I try to walk the talk et je continue d’apprendre.

 

Merci d’être avec moi dans cette belle aventure et j’espère avoir le privilège d’être ta nutritionniste bienveillante pour être témoin de ton parcours.

 

Au plaisir de faire ta connaissance! Écris-moi. Je veux sincèrement apprendre à te connaître.

 

PS: Tu veux savoir ça ressemble à quoi une rencontre avec une nutritionniste anti-régime? Clique ici pour lire l’article que j’ai écris à ce sujet.

Share This