Photo by Skyla Design on Unsplash

“Comportement névrotique caractérisé par l’obsession d’une alimentation saine” – Office québécoise de la langue française.

 

Non-reconnu comme un trouble des conduites alimentaires selon le DSM-V, l’orthorexie a fait son apparition dans le début des années 2000 grâce à Steven Bratman, MD, MPH. 

 

Une théorie avance que l’orthorexie serait davantage une branche de l’anorexie car ce qui est “santé” et “faible en calories” sont souvent synonymes dans la croyance populaire. De plus, les personnes présentant de l’orthorexie sont aussi souvent préoccupées par leur poids.

 

Qui est à risque d’orthorexie?

 

La susceptibilité de développer l’orthorexie est plus grande chez les personnes présentant des traits perfectionnistes ou obsessifs-compulsifs, ayant un trouble mental, une relation malsaine avec la nourriture, un historique de trouble des conduites alimentaires (ex: anorexie ou boulimie) ou de régimes amaigrissants, une faible image corporelle ou un désir de devenir plus mince.(1)

 

Des régimes prônés par la pseudoscience et des régimes très restrictifs peuvent devenir des déclencheurs de l’orthorexie chez ces personnes à risque. On peut même observer le phénomène chez des personnes suivant les recommandations gouvernementales de façon extrême.

 

Qui sont les coupables?

 

“Manger santé” varie selon les tendances et les recherches. Actuellement, on remarque que ces aliments ou composés sont les plus souvent pointés du doigt.

 

Aliments transformés ou ulta-transformés

Aliments génétiquement modifiés

Herbicides et pesticides

Substances artificielles

Colorants

Agents de conservation

Sucre ou glucides (on se souvient qu’il n’y a pas si longtemps, c’était le gras qui était diabolisé)

 

Dans les cas d’orthorexie, c’est davantage une question de qualité des aliments que de quantité.

 

Je t’entends me dire “Oui, mais c’est important de bien manger pour sa santé”.

 

Quand “bien manger”  devient malsain

 

Vouloir “bien manger” n’est pas le problème ici. On parle d’orthorexie quand une détresse s’installe. Quand la préoccupation de “bien manger” prend toute la place et a un impact sur la qualité de vie. 

 

Enthusiasm for healthy eating doesn’t become “orthorexia” until a tipping point is reached and enthusiasm transforms into obsession.” – Steven Bratman, MD, MPH, http://www.orthorexia.com/

 

C’est lorsque tu

 

  • Passes tellement de temps à penser, choisir et préparer tes aliments que ça vient interférer dans d’autres dimensions de ta vie comme tes relations amoureuses, amicales ou avec ta famille, ta créativité ou ton travail/études. 
  • Te sens anxieux.euse, coupable, impure, sale et/ou souillé.e lorsque tu manges des aliments que tu juges mauvais pour ta santé. Même d’être proche de ces aliments te perturbe et tu juges ceux qui les consomment.
  • Détermines ta paix intérieure, ton bonheur, ta sécurité et ton estime de soi par la pureté et l’exactitude de ce que tu manges.
  • Es incapable de laisser aller tes règles alimentaires pour une occasion spéciale, comme un mariage ou un repas entre amis ou en famille. (Note: si tu as une condition médicale pour laquelle tu ne peux absolument pas déroger de ta diète, ce point ne s’applique pas à toi).
  • Remarques que tu élimines de plus en plus d’aliments et ta liste de règles alimentaires augmente afin de maintenir ou améliorer ta santé.
  • Te fais dire que tu as perdu trop de poids ou remarques d’autre signes de malnutrition tels que la perte de cheveux, des problèmes cutanés ou la perte des menstruations si tu es une femme.

 

D’ailleurs, si tu t’es reconnu.e dans au moins un des énoncés que tu viens de lire, tu souffres peut-être d’orthorexie (il s’agit du test d’auto-dépistage de l’orthorexie de Bratman). 

 

Je t’encourage à consulter un.e nutritionniste-diététiste ainsi qu’un.e psychologue pour t’aider à y voir plus clair

 

 

Quand c’est devenu extrême

 

Le “clean-eating”, sans gluten (sauf dans les cas d’une allergie au gluten, aussi appelé maladie Coeliaque), paléo, kéto, jeûne intermittent, détox, régime fructivore, végan, crudivorisme et j’en oublie certainement sont toutes des diètes/régimes qui peuvent déclencher une relation malsaine à la nourriture et au corps.

 

Qu’on s’entende bien! Je dis bien peuvent. Je ne suis pas en train de dire que tu souffres d’orthorexie, que ta relation à la nourriture est malsaine ou que tu n’es pas bien dans ton corps si tu suis l’une de ces diètes (ou “habitudes de vie”, appelle-ça comme tu veux). 

 

L’orthorexie commence quand la nourriture a un impact négatif dans les autres sphères de ta vie parce qu’elle prend TOUTE la place. 

 

“Bien manger” n’est pas noir ou blanc. Il y a une multitude de nuances de gris entre les deux. Je t’en parle d’ailleurs dans cet article sur la relation que tu entretiens avec la nourriture

 

Pourquoi c’est important de parler d’orthorexie?

 Rôle des réseaux sociaux

Regarde les réseaux sociaux dans les catégories “santé” et “bien-être”. On y voit des influenceur.e.s jeunes, minces/“en forme”, plus souvent qu’autrement de belle apparence, blancs et sans handicap prônant une saine alimentation à coups de bols de smoothie multicolores, de jus verts et autres. Leurs photos mettent en valeur leur corps sveltes ainsi que les dits aliments. Ce qui est sous-entendu ou interprété? Faites comme moi et vous aurez l’air de moi.(2)

 

D’ailleurs, de plus en plus d’études démontrent l’association entre les réseaux sociaux et l’orthorexie.(34)

 

 

Culture du bien-être et grossophobie

Tu vas me trouver tannante, mais nous pouvons aussi parler de grossophobie ici. Cette crainte de devenir ou rester dans un corps gros. 

 

“Manger santé” est le nouveau régime au goût du jour (Christy Harrison l’appelle la Wellness Diet dans son livre Anti-Diet). On ne parle plus de restriction, de privation, mais plutôt de contrôle et de balises pour maintenir l’équilibre entre aliments sains et aliments “plaisirs” pour son bien-être. On parle de santé et de bien-être, mais l’objectif reste toujours d’éviter ou prévenir “l’obésité”. La santé est reliée à l’apparence physique.

 

Entre toi et moi, ça reste des règles externes qui te font croire que tu ne peux pas faire confiance à ton corps et qu’un corps gros n’est pas désirable.

 

Je ne suis pas en train de te dire que c’est l’anarchiiiiiiie et ne manger que, je ne sais pas moi, des biscuits mettons, toute la journée, toute la semaine pour le restant de ta vie. Je suis en train de te dire que ton corps sait généralement très bien se réguler lui-même et qu’être en harmonie avec lui ne peut être que gagnant à long terme. 

 

Bref, je me répète: ton corps, ni ta façon de t’alimenter, ne déterminent ta valeur en tant qu’être humain.

 

Prendre soin de soi autrement

 

Il existe plusieurs autres façon de prendre soin de soi qui n’impliquent pas la culture des diètes, de la restriction ou de donner un sens moral à la nourriture et au corps.(2)

 

Si tu me suis depuis un moment, c’est sûr que tu me vois venir.

 

C’est répondre à ses besoins de base comme dormir, s’hydrater, bouger, manger en accord avec son corps et ses papilles, se réaliser par des activités qu’on aime, entretenir des liens interpersonnels satisfaisants, vivre ses émotions, méditer, être présent.e dans notre communauté, etc. 

 

Ça te fait réfléchir? Ta relation à la nourriture ou ton corps t’inquiète? Ou encore c’est pour ton enfant que tu t’inquiètes? Écris-moi maintenant: info@mangerenharmonie.com. Ça va me faire plaisir d’en parler avec toi, c’est mon expertise et ma passion!

 

——

 

Références

 

  1. McComb, S. E., & Mills, J. S. (2019). Orthorexia nervosa: A review of psychosocial risk factors. Appetite, 140, 50-75. doi:https://doi.org/10.1016/j.appet.2019.05.005
  2. Harrison, C. (2019). Anti-Diet: Reclaim your time, money, well-being, and happiness through intuitive eating. Little, Brown Spark, New York Boston London
  3. Toth-Kiraly, I. A.-O. h. o. o., Gajdos, P., Roman, N., Vass, N., & Rigo, A. The associations between orthorexia nervosa and the sociocultural attitudes: the mediating role of basic psychological needs and health anxiety. LID – 10.1007/s40519-019-00826-1 [doi]. (1590-1262 (Electronic)).
  4. Turner, P. G., & Lefevre, C. E. (2017). Instagram use is linked to increased symptoms of orthorexia nervosa. Eating and Weight Disorders – Studies on Anorexia, Bulimia and Obesity, 22(2), 277-284. doi:10.1007/s40519-017-0364-2
Share This