Signataires:

Marilou Morin, Dt.P. Nutritionniste-Diététiste

Claudia Guy, Tech dt. Technicienne en diététique 

 

Note : Ceci est l’article originel, envoyé à La Presse, paru le 20 janvier 2020. 

Nous avons été grandement surprises par la médiatisation du processus de perte de poids de l’humoriste Dominic Paquet, qui sera documenté pendant plusieurs semaines dans le cadre de l’émission de Julie Snyder – La Semaine des 4 Julie. Au-delà du segment sur la cryothérapie aux vertus douteuses, nous ne pouvons passer sous silence la promotion médiatique d’une perte de poids irréaliste et les propos grossophobes qui ont été prononcés à l’endroit de Dominic Paquet.

“Tu étais à 230 lb. Faut que ça baisse!”

“On sent le p’tit paquet ici! On a hâte qu’il y en ait moins!” répète Mme Snyder en tapotant le pli de ventre de M. Paquet.

Ce ne sont là que quelques exemples. Il faut savoir qu’il y a des conséquences négatives à l’omniprésence des commentaires dégradants sur le poids et l’apparence physique d’une personne. À cet égard, la grossophobie est un nouveau mot qui reflète très bien cette réalité pas si nouvelle. Il a été défini en 2019 par le dictionnaire Robert comme étant un “ensemble des attitudes et des comportements hostiles qui stigmatisent et discriminent les personnes grosses, en surpoids ou obèses”. D’ailleurs, la ligne est très mince entre la grossophobie et l’intimidation.

En visionnant ce segment d’émission, plusieurs téléspectateur(trices) se sont probablement sentis stigmatisé(es) ou jugé(es) en raison de leur poids ou du format de leur corps. D’ailleurs, une étude publiée dans la revue scientifique Obesity suggère que les comportements grossophobes augmentent chez les téléspectateurs suite au visionnement d’un seul épisode de téléréalité mettant en vedette une perte de poids – dans ce cas-ci, on faisait référence à l’émission The Biggest Loser, traduit par Qui Perd Gagne au Québec. Malheureusement, cette forme de stigmatisation dans les médias normalise la grossophobie en la rendant acceptable, alors qu’elle ne l’est pas du tout. Il faut que ça cesse.

Une perte de poids n’est pas un spectacle. Il est déplorable de voir des émissions de variétés entretenir l’idée que perdre du poids est la seule et unique solution vers l’accomplissement de soi ou la santé. Plus souvent qu’autrement, les méthodes proposées pour atteindre cet objectif sont nuisibles pour la santé physique et psychologique. Prescrire une perte de poids de 30 lb en 2 mois n’est pas un objectif réaliste, contrairement à ce qui a été véhiculé dans l’émission.

Monsieur Paquet semble avoir le désir d’avoir plus d’énergie et se sentir mieux. Quelle belle opportunité de démontrer publiquement que ses objectifs sont atteignables par des changements d’habitudes de vie, sans égard au poids.

Tout être humain, peu importe son physique et son format corporel, mérite d’être traité avec professionnalisme, dignité et respect.

Nous en profitons pour partager une pétition, lancée par Édith Bernier fondatrice de Grossophobie.ca – Infos & Références, qui demande “au gouvernement du Québec de modifier l’article 10 de la Charte des droits et libertés de la personne afin d’y inclure la discrimination basée sur tout critère lié à l’apparence physique, incluant la taille et/ou le poids des individus.”

https://www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-8145/index.html

Cet article a été appuyé par 415 professionnels de la santé. Pour consulter la liste des signataires de l’article, CLIQUEZ ICI 

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