S’il y a un concept qui revient souvent auprès des personnes avec qui je travaille, c’est celui de «manger ses émotions». Qu’est-ce que c’est exactement? Est-ce un problème? Comment devrait-on gérer ça? 

Parlons-en avec bienveillance veux-tu?

C’est quoi “manger ses émotions”?

Tu as sûrement déjà entendu que c’est manger en l’absence de faim biologique (ou “vraie” faim). Je t’explique pourquoi je ne suis pas d’accord avec cet énoncé. 

Déjà, parler de “vraie” faim impliquerait qu’il y a une “fausse” faim et donc un bon ou un mauvais moment pour manger et répondre à un besoin. Il n’y a pas de ça ici!

J’ai pu observer auprès de mes client.e.s qui avaient l’impression de manger leurs émotions que bien souvent, ils.elles n’honorent pas leur faim au courant de la journée. Caroline Dooner explique bien ce phénomène dans son livre The F*ck it Diet : le problème n’est pas une réponse émotionnelle à la nourriture, c’est le manque de nourriture qui pousse le corps par tous les moyens possibles de trouver de la nourriture. Une réponse biologique 100% normale.

C’est le moment idéal pour te rappeler que tu as un droit inconditionnel de manger. Inconditionnel voulant dire sans restriction, limite ou condition. Un plein droit de manger ce qui te plaît, comme il te plaît. Tu as ta propre autonomie sur ton corps.

Petite nuance : si tu essaies de contrôler ton poids en même temps que de te donner le droit inconditionnel de manger et d’observer tes émotions avec bienveillance… Il est fort possible que tu n’aies pas l’expérience à laquelle tu t’attends. Ces concepts ne font pas bon ménage ensemble.

Alors, c’est quoi “manger ses émotions” si ce n’est pas manger en l’absence de faim? On peut plutôt dire que manger ses émotions, c’est manger en présence de ou en réponse à une émotion.

 

A group of friends of varying genders playing with popcorn at a party

Photo de Zackary Drucker. The Gender Spectrum Collection

L’être humain a des émotions

Les émotions reflètent ce qui a de plus précieux en nous : nos valeurs, nos besoins et nos limites. Elles sont une source importante d’informations sur qui nous sommes. Que ressentons-nous lorsqu’un objectif est atteint ou quand un besoin est comblé? Au contraire, que se passe-t-il lorsqu’il y a un obstacle qui nous empêche d’atteindre un objectif ou la satisfaction d’un besoin? 

Les émotions se ressentent dans notre corps par des tensions musculaires, des mains moites, un serrement au niveau de la gorge, une perte d’appétit, un nœud (ou des papillons!) dans l’estomac, mal de cœur (nausée), etc. Toi, ressens-tu tes émotions? Comment ton corps te parle?

Manger en réponse à une émotion

Manger est source d’apaisement, de réconfort, de distraction et de récompense. Tu sais, quand tu es dépassé.e par ton interminable liste de to-do, quand tu es frustré.e de ne pas t’être senti.e écouté.e ou compris.e au travail ou encore quand tu te sens seul.e le soir et que tu te trouves devant ton garde-manger ou ton réfrigérateur? Ben c’est ça. Réponse rapide, quoique souvent de courte durée, à un besoin, une émotion.

Manger génère des émotions

La nourriture est aussi très culturelle et sociale. Elle permet de montrer notre amour, de partager, de célébrer des moments heureux ou tristes, de se connecter aux autres. 

Pense à un repas en famille ou entre amis (ouain…ère lointaine pré-COVID je sais…). À la crèmerie après une partie de soccer. Au gâteau d’anniversaire ou de mariage. Aux mets traditionnels associés aux fêtes religieuses ou culturelles. 

Normalisons “manger ses émotions” svp

Manger ses émotions est perçu comme quelque chose à éviter. Combien de soi-disant trucs as-tu reçus pour éviter de manger en présence d’une émotion? Je sais. Trop. Je suis de celles qui donnaient ces “perles de sagesse” et j’en suis désolée.

Je blâme bien des choses pour ça; ne nommons que la culture des régimes et la grossophobie ici parce que sinon j’en ai pour la nuit. L’objectif ultime qui est souvent derrière ces conseils est d’amener la personne à manger moins pour contrôler son poids.

J’aimerais te dire que c’est normal d’utiliser la nourriture pour répondre à des besoins autres qu’un ventre creux. C’est normal de ne pas vouloir toujours ressentir toutes ses émotions et leurs intensités. Gérer ses émotions par la nourriture, c’est un outil parmi tant d’autres et c’est sûrement celui qui t’a le plus servi depuis que tu es tout.e petit.e. Je répète : il n’y a absolument rien de mal à manger en réponse à une émotion ou pour l’engourdir. C’est inutile de diaboliser cette stratégie, ça ne fait qu’ajouter une couche de honte et culpabilité supplémentaires dont tu n’as pas besoin. 

La suite la semaine prochaine. 

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Je vais aussi t’envoyer toutes les informations à propos de mon nouvel “Atelier Manger en Harmonie avec mes émotions” où on va aller plus loin et travailler ensemble pour que tu puisses identifier TES outils pour prendre soin de toi, répondre à tes besoins et observer tes émotions avec bienveillance. 

Merci à Claudia Guy pour sa collaboration à la rédaction de cet article.

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